mardi 24 février 2015

Cie Arche de Noé par G. Lagnel


Toujours en marche vers les destinations poétiques, la Compagnie Arche de Noé continue son chemin vers 2022... à suivre de prés.
https://www.facebook.com/IAM.LIMOUX/?fref=ts



Présentation:
Lorsque, en 1967, Guillaume Lagnel fonde l’Arche de Noé, cette compagnie apparaît comme un phénomène tout à fait singulier. Théâtre de création à part entière, conçu pour occuper des lieux non conventionnels, elle s’inscrit dans la tradition des arts du masque et transmet au public un langage personnel et riche d’émotions. Reconnue très tôt par des personnalités du monde artistique de renommée internationale, l’Arche de Noé a joué ses spectacles en Europe et dans la France entière, avant de s’établir en Midi-Pyrénées, où elle a affirmé son travail de création dans les hauts lieux du patrimoine de cette région.
Fête de la St Jordi / Les fontaines fleuries, installation dans le jardin de la Casa Sancho (66000).



 Du patrimoine architectural à l’art roman (comme par exemple : Du maître et des anges), des fêtes processionnelles aux grands mythes populaires (Les rois mages), les spectacles attirent chaque année des milliers de spectateurs.



La permanence des personnages masqués existe depuis l’origine de l’Arche de Noé, mais il s’agit d’un théâtre plus large que celui des masques, c’est un spectacle actif, physique, des images agissantes à la vie.
http://www.archedenoe.net/




Les Rois mages : campo Santo, Janvier 2015 (66000)






Comme l’écrivait Antonin Artaud, « un spectacle où, comme dans le cerveau d’un saint, les choses de la nature extérieure apparaissent comme des tentations ; c’est là, dans ce spectacle d’une tentation, où la vie a tout à perdre et l’esprit tout à gagner, que le théâtre doit retrouver sa véritable signification ».
Le masque est un médiateur entre le monde visible, les mondes intérieurs qui nous habitent et les potentialités de l’univers avec lesquelles nous avons la plupart du temps perdu une relation organique.


"Ainsi, j’ai partagé ces lieux, transpiré ses masques (Les 7 péchés capitaux 2006)  pour  traverser lamer (Carthage, la mémoire des sables 2008), pour effrayer la lune.
 J’ai retenu mon souffle devant l’ange qui m’invitait à danser afin de ne pas froisser ses ailes (Les Rois Mages 2015), je me suis baignée dans le bassin du tailleur de pierre et j'ai présenté ce linge devant cette femme (Du Maître et des Anges 2007), j’ai pleuré les étoiles sans doute … J'ai été diable, enfant, femme, ange et animal souvent.
J'aime entrer dans cette matière, la pierre principalement, le plastique,  à en avoir mal que la douleur devient pâle et insuffisante devant tant de poésie et d'acte profond ; Je me sens actrice oui, car les personnages de Guillaume Lagnel, leurs histoires, ce n'est plus du théâtre, c'est bien plus. C'est du cinéma.  

 Je me suis placée avec mes valeurs, celles de ma vérité profonde, car porter un masque, c’est disparaître pour le faire apparaître.

Deux visages : celui qui rit, celui qui pleure. Un corps. "

(Lina Sittner, 2015) ©


2015
Les vieillards de l’éternité
2015 à 2006
Les Rois Mages
2008
Carthage : la mémoire des sables, Du Maître et des Anges
2007
Du Maître et des Anges
La ST Jordy et le Dragon
Les vieillards de l’Eternité
2006
Les 7 péchés Capitaux
2004
Le dragon de la St Jordy







Carthage, la mémoire des sables. (2009) 



Il n’est pas là par esthétisme mais parce qu’il participe pleinement à la dramaturgie du spectacle.
L’antagonisme des éléments comme l’eau et le feu est presque permanent dans ses spectacles aussi.
La musique – comme le silence – contribue pleinement à révéler ce théâtre. Sa relation personnelle à la musique est permanente et souvent intuitivement préexistante. Il s’agit certainement de l’un des secrets de la création qui reste souvent en grande partie inexpliqué. La très belle rencontre avec Jean-Jacques Lemetre, qui compose depuis les différentes musiques des derniers spectacles de l’Arche de Noé : Carthage, la mémoire des sables… une
musique de scène, créée pour ce théâtre, libre aux couleurs des musiques du monde.
Il a pu, au fil des nombreuses reprises de ce spectacle, développer ce rapport entre le théâtre et la musique. Car la dramaturgie est construite en miroir inversé entre le Paradis et l’Enfer.
La danse, d’où la recherche par des chorégraphes d’une certaine théâtralité.
Ce théâtre porte en lui-même une anthropologie du geste qui le rattache à un temps de la création artistique où le geste et le masque sont préexistants aux mots, au dialogue. La marche des personnages de ce théâtre oscille entre le pas gracieux et celui du danseur, élancé : Il y a donc bien l’idée d’une danse qui traduit l’invisible, une danse vitale de l’âme.
Jouer dans la rue, « à ciel ouvert », en des espaces urbains – est un acte indispensable et complémentaire de son théâtre en espace intérieur.
Dans cette quête d’un autre théâtre, Guillaume Lagnel oriente ses pas sur l’un des aspects qui caractérise la rencontre du théâtre et du sacré,  que nous retrouvons  toujours dans les fêtes, les drames, les épopées des grandes civilisations de notre planète. Celui du processionnel. Retrouver ces traces profondes avec le théâtre, un acte théâtral pur ; il démontre parfaitement le sens de sa démarche et signe un pas important dans son parcours artistique de metteur en scène et  à la fois d’historien.


Les vieillards de l'Eternité. (2015) Chartreuse de Montrieux le vieux (Var)


L’itinérance est inscrite à chaque degré de ses créations. Cette conception semble également correspondre à une ouverture personnelle.

Il s’agit bien de réinventer pour ce théâtre ses propres lieux de représentations, c’est une conception à une invitation au croisement entre les groupes sociaux, les civilisations, les cultures… Il tente de retrouver le sens d’un autre théâtre en des lieux patrimoniaux, historiques, naturels, chargés de signification et de mémoire tout en y associant pleinement de jeunes artistes de la région en leur faisant bénéficier un savoir-faire.


 La création de Carthage en fut l’un des moments les plus démonstratifs.


Propos recueillis par : Gaële de La Brosse
Texte extrait du livre :
Chemins d’étoiles n° 2
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Guillaume LagnelGaële de La Brosse